Préfacé par Jean-Pierre Soisson, ancien ministre d'Etat, député de l'Yonne, président du Conseil régional de Bourgogne
Notaires, procureurs, marchands de bois, militaires, capitaines d’industrie, diplomates, parlementaires, les
Tenaille se distinguent par leur volonté d’améliorer le Bien commun, en France comme à l’étranger.
Cette famille des Vaux de l’Yonne a donné de nombreuses branches (Vaulabelle, Saligny, Estais, ...) et une descendance importante. Parmi les quelques 3000 descendants, nous retrouvons de nombreuses figures locales et nationales.
Figure emblématique, le ministre Achille Tenaille de Vaulabelle est issu d’une branche en quête de noblesse qui a joué un rôle important lors de la révolution. Ministre peu de temps, il laisse cependant des directives qui servent de base à l’Instruction publique, puis à l’Education nationale sous le Second Empire et sous la IIIe République.
Une passion française, la généalogie
Je connaissais déjà le Journal de Clairambault et Les Berthier, une famille de la noblesse d'épée en Bourgogne et Nivernais, de Frédéric de Berthier de Grandry, deux belles œuvres d'historien. Mais les dernières recherches de notre jeune auteur bourguignon méritent plus que le respect : notre reconnaissance.
Frédéric de Grandry est issu de la longue lignée des Berthier de Grandry, une branche de l'impressionnante parenté d'Achille Tenaille de Vaulabelle, ministre de l'Instruction publique de la IIe République. Il a conduit une œuvre exemplaire de généalogie : un long travail, reconnaît-il lui même, de recherches et de collaboration avec les conservateurs du Service historique des armées, les archivistes de la Bibliothèque généalogique de Paris, les services d'état civil consultés dans de multiples lieux et, sans doute, une vocation qu'il tient depuis le " poste de tradition " qu'il occupa à l'Ecole militaire d'Autun.
Il nous permet de découvrir l'origine, la lignée, la descendance de plus de cinq mille familles issues des Tenaille, ces Bourguignons du Morvan qui ont essaimé partout, et dont les descendants ne manquent pas de nous interpeller. Après deux siècles, dans un petit département comme l'Yonne, toutes les familles bourgeoises - ou presque - cousinent entre elles.
Cet ouvrage fait œuvre de mémoire. Il contribue à l'histoire du passé qu'il relie par une trame très fine avec le présent bourguignon. Il est l'expression contemporaine d'une passion très française : la généalogie. Par une longue énumération déclinée dans la table des descendances, il évoque les multiples liens familiaux tissés entre les générations par la voie du mariage ; il en tire un enseignement : tous les personnages de l'Histoire sont liés.
Cette chaîne d'hommes et de femmes, que restitue Frédéric de Berthier, me fait penser à un passage des Mémoires d'outre tombe de Chateaubriand :
" ….Tout se teint de leurs couleurs ; partout s'expriment leurs traces ; ils inventent des mots et des noms qui vont grossir le vocabulaire général des peuples. Leurs personnages fictifs se changent en personnages réels, lesquels ont hoirs et lignée. Ils ouvrent des horizons d'où jaillissent des faisceaux de lumières….. ".
Frédéric de Berthier, ne fait pas seulement œuvre de mémoire : il redonne vie à une période souvent méconnue du XIXe siècle bourguignon. En effet, cette famille Tenaille, qui a cherché désespérément l'anoblissement sous l'Ancien Régime, doit sa fortune à l'exploitation du flottage des bois du Morvan en direction de Paris. Activité lucrative qui permet l'approvisionnement de la capitale en bois de chauffe. Les Tenaille ont favorisé, pour le transport par la voie d'eau, le " train de bois ". Cette invention vaut tous les anoblissements…
Achille Tenaille de Vaulabelle, le héros principal de la saga de Frédéric de Berthier, est né à Châtel-Censoir au lendemain du coup d'Etat du 18 brumaire. Républicain convaincu, frustré par la Restauration, la Monarchie de juillet, le Second Empire, il passe la plus grande partie de sa vie dans l'opposition. Il est journaliste, historien : il se jette dans l'écriture parce qu'il ne peut posséder le pouvoir.
En 1848, Lamartine lui propose l'ambassade de Londres ou de Berlin, à son choix. Il refuse et se présente aux élections d'avril 1848 ; il est élu député de l'Yonne et entre au comité chargé de rédiger la constitution. Il préside aussi le Comité d'Instruction publique et, tout naturellement, quand le général Cavaignac forme un nouveau gouvernement en juillet 1848, il devient ministre de l'Instruction publique pour trois mois - le temps des vacances.
Il croit aux valeurs de la République. Il désire que l'enseignement ne soit pas abandonné aux congrégations religieuses, mais soit assuré par l'Etat. Il crée les inspections académiques, le maillage du territoire par les services de l'Education nationale. Il est ainsi à l'origine de l'œuvre scolaire de la IIIe République, que réaliseront Jules Ferry et Paul Bert - qui sera, après lui, député de l'Yonne.
Vaulabelle est un homme de passion, qui aime les femmes et les plaisirs de la vie. Victor Hugo le qualifie de " ministre aux désirs ardents " : c'est un beau compliment. Mais son langage, souvent grossier, à l'emporte pièce, ne le sert pas. On lui reproche ses mots " gras ". De fait, Vaulabelle est plus fait pour l'opposition que pour le pouvoir.
Pour l'écriture aussi : il reprend sous le Second Empire son travail d'historien. Ses recherches, aujourd'hui encore, font référence.
Il faut remercier l’auteur de rendre vie à une personnalité attachante qui a marqué l'histoire du département de l'Yonne. L'un des boulevards d'Auxerre porte le nom de Vaulabelle, comme la grande salle de réunion du centre ville. Mais les Auxerrois ignorent l'œuvre d'Achille Tenaille de Vaulabelle et la parenté si nombreuse qui est la sienne. Qu'ils lisent cet ouvrage, qui deviendra le manuel des grandes familles de leur ville et de leur région.
Jean-Pierre Soisson
ancien ministre d'Etat, député de l'Yonne, président du Conseil régional de Bourgogne
La Famille d’Achille Tenaille de Vaulabelle (1799 - 1879), un ministre pionnier de l’Education nationale, Préface de Jean-Pierre Soisson, ancien ministre d’Etat, député de l’Yonne, président du Conseil régional de Bourgogne, Paris : 1998-2004 (58, Clamecy : Impr. Nouvelle Imprimerie Laballery) - 448 p. – ill. en noir, couv. Ill. en coul. ; 22 cm – Biblio. p. 444-446 - ISBN 2-9513699-2-1 (br.).
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